FEPN 2022

Que retenir de mon passage au Festival Européen de la Photo de Nu 2022 à Arles ? Les ami·e·s bien sûr, les images évidemment, et le plaisir de flâner dans les ruelles de cette ville magique.

Dans l’ordre, passage en fin de matinée à l’atelier-galerie du tireur et photographe Frank Alonso, pour découvrir avec plaisir ses nouvelles images et les illustrations pimentées de Valérie Ibanez (quelques cartes postales d’art rejoindront chez moi une image de Groseille).

Je suis passé trop tôt pour visiter l’Atelier de l’image de maître Bruno Rédarès (président fondateur du FEPN, pour celleux qui le découvrent), mais on m’a dit le plus grand bien de l’accrochage.


Petit passage à La place des photographes, pour y voir les différentes expositions et revoir, en fouillant dans les bacs quelques images que j’adore de Julie Poncet et Sébastien Roignant. Le concept de Gleam’Art proposé par La place est vraiment sympa.


Visite ensuite de l’exposition Spectral Bullet d’Alan Cat. Des images fortes, originales, mystérieuses… Un travail sur le mouvement et la perception, qui va au-delà de la recherche esthétique. Une petite image de sa série WetM trône juste derrière mon écran et m’accompagne au quotidien.

L’Autruche était malheureusement fermé ce samedi midi, alors après un petit bonjour fort sympathique, direction L’Épicerie du Cloître pour un petit repas léger et délicieux.

Ensuite, visite de l’exposition collective L’Heure nue, par Cathy Peylan, Isabelle Banco et Daria Nelson. Isabelle expose plusieurs images et deux livres d’artistes absolument magnifiques. J’espère qu’elle les transformera un jour en livre édités. Et oui, ses images me font toujours de l’œil.


Visite ensuite des expos « officielles ». Chapelle Sainte-Anne, Palais de l’Archevêché, Espace Van Gogh. J’ai beaucoup aimé le travail de Cyril Gazagne dans sa série Le jardin des secrets. Ses tirages à la gomme bichromatée sont sublimes. En face, l’occasion de voir les travaux de Jean-Charles Gros, un artiste dont j’ai eu la grande chance de suivre un atelier sur les procédés alternatifs à Bessèges en 2019. C’est à lui que je dois mes premiers essais de cyanotypes, de Van Dyke et de gomme bichromatée…
Je craque sur deux images. Une gomme bichromatée couleur et une en noir et blanc. Les illustration ci-après ne reflètent pas l’échelle des deux tirages, le tirage couleur est en réalité plus grand que l’image noir et blanc.

Bistrot Budapest - © Jean-Charles Gros

L’atelier - © Jean-Charles Gros

A l’espace Van Gogh, j’admire les images de Christophe Vermare et en particulier celles de sa série
O’gènes
montrées dans des caissons rétro-éclairés qu’il fabrique lui-même. L’effet est saisissant et retranscrit à merveille la dimension aquatique des images.

J’ai aussi apprécié le travail d’Elian Bachini. Ses osmoses minérales (II) sont très réussies. Une petite image rejoindra ma collection.

A l’étage, j’ai été admiratif de la qualité d’ensemble de l’exposition proposée par l’association Imagin’In de Lyon. Mentions particulières à la poésie de la série Evanescence de l’ami photographe Stéphane Picard, à l’humour de la série Miniworld de Jean Delaey et à l’esthétique de la série Contraste de Bernard Pulcini. L’œil de la Photographie avait d’ailleurs présenté ce travail admirable début mai. Je vais prendre un petit tirage de cette série magnifique. Son site montre d’autres très belles séries et mérite une visite.

En coup de vent, je rencontre aussi Morris qui présente une sélection d’images dont deux nus classiques de Tiphaine dont l’esthétique épurée m’a touché. Oui, j’avoue, j’ai des goûts très classiques…

Tiphaine - ©Morris

Tiphaine - ©Morris

La soirée se poursuivra autour d’un verre amical et en très bonne compagnie à la Galerie
ISO
. Très amicales pensées aux absents, en particulier à Thierry Valencin dont j’apprécie toujours autant les images, à Jean-Pierre Penel dont la chaleureuse présence nous a manqué cette année, et bien sûr à Harold Glit que aurions aimé revoir et entendre encore nous parler avec cette passion qui était la sienne, de ses nouveaux aménagements scéniques à Malaga, des dernières modèles sublimes rencontrées, des nouvelles images à admirer, des projets de livres, et des souvenirs communs d’un si beau workshop en Provence…


Cette année, pas de stage (je travaillais vendredi, le festival était écourté… et le programme des stages bien maigre). Espérons que la 21ème édition pourra renouer avec celle des grandes années, et merci aux organisateurs·trices, aux artistes-exposant·e·s en in et en off, et aux personnes qui œuvrent dans l’ombre à la réalisation de cet événement culturel et humain.


PS: Avec tout cela, pas le temps de passer chez Actes Sud… ce sera pour les prochaines semaines… ou pour début juillet, mais quelques petites choses glanées malgré tout dans les rayons de l’espace magique, poétique et fascinant de L’Archa des Carmes.


Brightness Hiding de Pedro Correa

Je l’ai découvert par hasard, au détour d’une vidéo sur YouTube, une vidéo qui n’a rien à voir avec la photographie, un discours de remise des diplômes aux ingénieurs civils qu’il a prononcé à l’EPL-UCL, Louvain-La-Neuve (Belgique) fin 2019. Oui, vous savez, une de ces vidéos semblable au célébrissime discours de Steve Jobs aux étudiants de Stanford  en 2005.


Et puis j’ai visité son site. Ses photographies, et en particulier sa série Urban Impressions sont emplies d’ambiances urbaines étonnantes. Son sens du flou et de la couleur imprègnent les images. Certaines font penser aux images couleur de Saul Leiter. Bref, j’ai choisi le livre Brightness Hiding accompagné d’un petit tirage de l’image Lazy Sunday.

Elle est maintenant encadrée et accrochée, juste à gauche de mon bureau. Sa fenêtre s’ouvre sur la ville, s’ouvre sur le monde…


Lazy Sunday - ©Pedro Correa

Par la suite, j’ai bien aimé aussi cette autre courte vidéo qui présente Pedro dans son bureau. J’ai trouvé très sympa l’idée de découvrir à travers cette brève interview un peu du backstage de l’artiste.


Arles 2021

J’ai posté la plupart de ces éléments sur Facebook, mais je souhaitais leur donner leur place dans mon site web également.


J’ai craqué pour le livre Borders of Nothingness qui accompagne la série Borders of Nothingness - On the Mend  de Margaret Lansink dont j’ai découvert le travail à l’exposition présentée par la galerie IBASHO et the(M) éditions. Ce livre est accompagné d’un petit tirage de l’image Natsukashii. L’exposition de la galerie IBASHO présentait d’autres merveilles, mais j’avais eu un coup de foudre pour cette images de Margaret Lansink dès que je l’ai vue sur une des affichettes qui fleurissent les murs arlésiens pendant les Rencontres. Cela me fait repenser au merveilleux livre La collectionnite d’Emmanuel Pierrat. Il y décrit avec une telle justesse cette évidence, cette pulsion, cet attachement aussi immédiat que difficile à expliquer. Ici c’est peut-être ce trait d’or, pareil au kintsugi qui évoque la richesse de nos fêlures.

Natsukashii—On-the-Mend - © Margaret Lansink

Grande admiration du travail de Thibaut Derien… j’avais été fasciné par sa série J’habite une ville fantôme (qui m’habite à chaque fois que je croise une de ces devantures fermées). Son regard sur le monde est d’une lucidité rare, et notamment dans le livre de la série Où mes pas me mènent (que j’avais déjà), et dont je suis très heureux d’avoir pu ramener une petite image très symbolique pour moi, car elle rejoint mes préoccupations professionnelles sur la datasurveillance. Plusieurs autres me parlaient beaucoup, mais il parait qu’il est nécessaire de faire des choix.

©Thibaut Derien

L’autre  exposition que je voulais voir est celle de Marie Docher, une photographe dont
j’admire l’engagement féministe. J’avais découvert les images de cette série à travers le catalogue Mon cœur qu’elle a imprimé avec Ooblik (Je ne connaissais pas cet imprimeur, mais il a fait du très beau travail sur le rendu des couleurs de la série). Après une profonde hésitation entre trois images qui me
touchaient particulièrement… j’ai choisi celle qui est sur la couverture du catalogue (et ce n’est pas un nu). Mise à jour : après discussion avec ma compagne, j’ai changé d’avis et ai finalement pris cette image d’Auvergne, mystérieuse (et qui m’avait fait beaucoup hésiter). Merci à l’artiste d’avoir accepté ce changement ;-)

Ah oui, et j’allais oublier les coup de cœur post-visites… ici avec l’exposition de Daria Nelson, dont j’ai ensuite visité le site et découvert cette série, dont j’ai commandé une petite image [mise-à-jour, 11 mars 2022 : après quelques essais infructueux, j’ai finalement pu commander une image qui vient de rejoindre ma collection].


Des coups de cœur pour :

- les quatre expositions des lauréat·e·s 2020 et 2021 du Prix HSBC, et en particulier le travail de Charlotte Mano avec sa série Thank you mum. Un dernier exemplaire du livre m’attendait chez Actes Sud. (Et bon, ok, je confesse que j’avais - dans le passé - flashé sur son travail pour Louboutin, une très belle série, sauf erreur non disponible à l’achat…)

- l’expo de Cédric Porchez  à la Galerie Huit, ses images sont d’une poésie rare.

- le travail de Camille Brasselet, dont j’avais aimé le livre The Sound of Silence paru aux Editions Bessard et dont on peut voir des images de la série La Piscine chez Sigma à La Roquette. (Et oui, je n’ai pas osé lui dire que son travail me plaît tant lors de la signature d’hier soir chez France Photobooks Summertime #unjourilfaudrasoignerça).

- l’exposition The Logic of beauty. The Beauty of logic. chez Arthur et Janine,
un lieu magique nourri par cet extraodinaire et adorable couple de
mécènes britanniques. Cette année, c’est le travail du maître des lieux,
un pionnier des cartes de traitement (informatique) du signal vidéo qui
est mis en abyme. L’agencement des circuits imprimés est graphiquement
aussi esthétique que complexe. Perfection logique. Optimisation de
l’espace. Beauté mathématique. Mystère incompréhensible. Art aussi
invisible qu’omniprésent. Porteur de mille questions éthiques (voir plus
haut le lien avec la datasurveillance…). Une exposition toute simple
en apparence, mais qui pose des questions essentielles dans la période
que nous vivons. Et puis le vernissage fût l’occasion de revoir le
génial artiste perlinpinpin. Que du bonheur.

- les triptyques Trois fois Nu d’Isabelle Banco, j’avais vu Jeanne, et j’ai découvert L’amandier, et ses quatre images sublimes qui osent plonger avec une délicatesse infinie au cœur des mystères de l’intimité.

- et je ne revients pas sur les travaux d’artistes que j’admire depuis longtemps comme Thierry Valencin (Galerie ISO), Bernard Minier (Galerie ISO), ou Didier Gillis.


Quelques livres, dont :

- New Men de Bert Van Pelt  pour un ami très cher, 

- Le “Sud” French Cowboy de Mia Macfarlane et Julien Crouïgneau (French Cowboy) dont j’ai aimé certaines images très “magazine”,

- Stigmate d’Emmanuelle Bousquet, édité par Filigranes et préfacé par Tatyana Franck (ça je l’ai vu en rentrant) - et j’avoue, je n’ai pas pris le dernier : In foetu, aux Editions Bessard (oui, sur le moment, je n’ai pas osé demander le prix… et je ne sais pas pourquoi le prix n’est pas affiché sur ces livres d’art… et puis ça me stresse quand on me dit en plus ” l’auteure sera là et pourra vous le signer “… #notyetreadyfortherapy) - Mise à jour : après m’être rassuré sur le prix de l’objet sur Internet, j’ai finalement acheté ce livre le lendemain…

- Vingt ans et plus de Bruno Rédares , un livre qui résume la photographie de nu de Bruno, le fondateur du Festinal européen de la photo de nu - Regards sur le corps qui a lieu habituellement chaque année en mai à Arles.

- Cavale, de Nicolas Comment, cet artiste aux talents multiples dont j’apprécie le travail (même je ne peux pas dire que j’aime toutes les images du livre, certaines me parlent)

- Wonder women. Ni muses, ni modèles : artistes! de Régis Cotentin, paru aux Éditions Rmn-Grand Palais, qui constitue une très bonne introduction aux questions de la place des femmes dans l’art.

- et puis, dans un autre registre, L’Homme est un accident, d’Enki Bilal, paru chez Belin.


J’ai résisté de toutes mes forces au livre Senbazuru de François Laxalt. Ses vols de grues japonaises sont magnifiquement poétiques. Et puis, un artiste qui cite Leonard Cohen : “There’s a crack in everything, That’s how the light gets in” (“Anthem”) me parle, comme sa série M.Y.O.P.E., visible sur son site web. [mise-à-jour, février 2022 : je dois confesser que j’ai finalement commandé ce livre, avec ce petit tirage ]


Ah oui, et dans le In :

- Anton Kusters, Blue Skies

- Tarrah Krajnak, Rituels de Maîtres II : Les Nus de Weston

- Anamanda Sîn, Désidération



Voies Off me manque

Nous avons tous conscience que l’édition 2021 des Rencontres d’Arles est particulière.

Qu’elle a dû être montée sous un ciel d’incertitude.

Que les masques restent de rigueur.

Que l’équipe est encore en transition.

Que l’on n’osera dire que c’étaient de “petites” Rencontres.


Nous savourons le fait qu’elles aient pu avoir lieu.

La chance que nous avons.

Et nous sommes présents au rendez-vous.


Le bonheur de revenir à Arles.

Le plaisir de se revoir.

De rencontrer les images, encore.

De voir les livres, bien sûr.

Celleux qui les font, forcément.

Dans le in, comme dans le off.


Mais ces rencontres sans Voies Off manquent de saveur.

Ces voies nous manquent.

Celles que Voies Off a ouvertes et tracées pendant tant d’années.

Les voix des artistes.

Le frisson inoubliable de celleux qui voyaient leurs images projetées sur écran géant.

Les voix de ses équipes dans la cour du Palais.

Les voix de celles et ceux que Voies Off a rendu·e·s visibles.


Le vide est palpable.

La cours du Palais est orpheline.


Il manque quelque chose.

Un ingrédient plus qu’essentiel.

La jeunesse de celles et ceux que Voies Off a soutenu·e·s et encouragé·e·s.

L’énergie de la passion désinteressée.

Les visions des photographes du monde.

La créativité des marges.

Le terreau encore jeune.


L’expérience Voies Off, surtout.

Les communions collectives vécues assis·e·s ensemble à visionner ces centaines images.

La chaleur des discours.

Les moustiques, même.

Le festif des soirées qui faisaient battre le coeur de la ville d’Arles, et les nôtres.

La vraie magie et l’esprit humaniste des Rencontres.

Et cette iremplaçable pincée de foutoir et d’improvisation si arlésienne.


Nous pensons très fort à Christophe Laloi.

À ses équipes permanentes et bénévoles qui ont fait ces moments magiques et essentiels.

Merci d’avoir fait battre le coeur des Rencontres.

Et revenez-nous.

Nous avons plus que jamais besoin de cette part d’humanité.



L’Isle-sur-la-Sorgue, 7  Juillet 2021




PS: et merci à la Place des Photographes d’avoir assuré avec https://arles-exposition.com/ le soutien logistique aux exposant·e·s off, votre flyer et la signalétique sont indispensables pour nous autres les visiteurs.


Male gaze

Certain·e·s n’y verront que male gaze
d’autres la poésie d’un regard
flamme d’un désir
à fleur de peau
éros palpitant
le corps de l’autre
et des frontières invisibles.


Certain·e·s n’y verront que male gaze
d’autres une contemplation
distance essentielle
altérité insondable
vertigineuse solitude
questions sans réponse
humanité.


Certain·e·s n’y verront que male gaze
d’autres une domination
sordide exploitation
pulsion scopique
misère humaine
complicité perverse
et vacuité.


Certain·e·s n’y verront que male gaze
d’autres une question
l’abîme
puits sans fond
errance obscure
jubilation fétide
et puis la mort.


Certain·e·s n’y verront que male gaze
d’autres la beauté
monde inconnu
autre invisible
puissance vulnérable
promesse magique
instant miracle.


Lausanne, 18 décembre 2020

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